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Le voyage de Jhivé en Analyse des Pratiques Professionnelles

Cet article raconte les premiers pas, volontairement naïfs, de l’intervenant en Analyse des Pratiques Professionnelles, par le biais du conte métaphorique.

Il s’agit donc d’éclairer de manière ludique les moments clés d’une intervention, non tant dans ce qu’elle promet aux décideurs (offrir un espace de réflexion, de mise en sens et de prise de recul), mais dans ce qu’elle accueille dans l’ici et maintenant de la rencontre.

Dans cet épisode, nous illustrons la part d’ombre de l’intervenant, déguisée sous les oripeaux de l’impatience à faire avancer, de la tentation vers la solution, de la parole rempart au mal-être, ou de la volonté de maîtrise.

Dans un royaume lointain, niché entre puys et forêts mystérieuses, le jeune moine Jhivé, se préparait pour une grande aventure. Formé dans la sagesse des anciens par son maître, il allait quitter son temple pour guider les artisans du monde dans l’art délicat de l’Analyse des Pratiques Professionnelles. Mais son maître l’avait averti : “Jhivé, le chemin ne sera pas sans obstacles. Les forces que tu affronteras seront plus puissantes que tu ne l’imagines. Mais souviens-toi, tu n’es jamais seul.”

Jhivé, armé de sa patience et de son esprit éveillé, s’avança vers le Jardin des Pratiques, un lieu légendaire, où les défis étaient aussi vastes que la nature elle-même.

La Dragonne du Silence Noir

Dès son arrivée, Jhivé sentit une torpeur anormale dans l’atmosphère. Les artisans, qui devaient partager leurs pensées, étaient figés, leurs visages impassibles, leurs bouches scellées comme sous l’emprise d’un mal ancien. C’est alors que du fond des ténèbres apparut la Dragonne du Silence Noir, une créature gigantesque, dont les écailles sombres étouffaient toute parole dans l’air.

La dragonne se rapprocha de Jhivé, son souffle lourd figeant chaque mouvement. “Tu n’es pas le bienvenu ici, petit moine,” grogna-t-elle. “Personne ne parlera sous mon règne.”

Jhivé, un temps terrifié, se rappela les leçons de son maître : “La fluidité, en analyse des pratiques professionnelles n’est pas l’art de l’évitement.” Il ferma les yeux et, dans ce silence oppressant, écouta… non pas le bruit de la créature, mais le bruissement subtil des feuilles dans les arbres lointains. Les murmures des roseaux arrivèrent jusqu’à lui : “Le silence est un piège, mais aussi une porte. Ne lutte pas contre lui. Traverse-le.”

En rouvrant les yeux, Jhivé décida de vivre avec curiosité ce moment de silence partagé, comme un encouragement tacite à ce que les artisans trouvent leur propre rythme. Peu à peu, les corps et les visages retrouvèrent une certaine souplesse, et les mots commencèrent à surgir, d’abord timides, puis plus affirmés, jusqu’à ce que les écailles de la dragonne tombent en poussière. Jhivé avait vaincu le silence non par la force, mais par l’écoute sensible. Ce silence, loin d’être un obstacle, était une opportunité de prendre en compte les émotions non exprimées.

L’épreuve de l’Ogre de la Connaissance

Plus tard, alors qu’il écoutait un artisan se débattre avec un problème complexe, Jhivé se sentit soudainement aspiré dans un vortex d’incertitude. Le sol se déchira, et du néant émergea un immense ogre, couvert de chaînes, symboles de tout ce qui oppressait la liberté d’expression et de pensée. L’Ogre de la Connaissance s’avança vers Jhivé, ses yeux flamboyant de défi.

“Laisse-moi te montrer ce qu’est le vrai pouvoir, petit homme,” rugit l’ogre. “C’est en imposant la connaissance que l’on contrôle. Offre-leur la réponse, soumets-les à ta sagesse.”

L’ogre, gigantesque, leva son poing, prêt à écraser Jhivé sous le poids de l’orgueil. Mais c’est alors qu’un écureuil doré, petit et rapide comme l’éclair, sauta sur l’épaule de Jhivé. “Petit moine, ne te laisse pas aveugler par cette brute. Invite les artisans à chercher leur propre voie, tout comme tu l’as fait.”

Soutenu par son petit allié, Jhivé revint au cœur de l’analyse des pratiques professionnelles et ne céda pas à la tentation de l’omnipotence. Il accompagna l’artisan à explorer ses propres questionnements, et sous ce flot de liberté, l’ogre s’effondra, ses chaînes se dissolvant en poussière dorée. La véritable force n’était pas dans le savoir imposé, mais dans la liberté de découvrir.

Le Tsunami des Émotions

Plus tard, alors qu’une artisane partageait un événement qui avait pour elle un fort retentissement personnel, les nuages au-dessus d’eux s’amoncelèrent, menaçants. Le vent se leva, et bientôt, un immense tsunami d’eau sombre se précipita depuis l’horizon. Le Tsunami des Émotions, une force implacable, se dressait devant eux, menaçant d’engloutir la vallée entière.

Les artisans paniquèrent, pris de vertige face à cette vague colossale. Jhivé sentit la peur monter en lui, mais c’est alors que la rivière à ses pieds se mit à couler plus vite, chuchotant à son oreille. “Jhivé, rappelle-toi, les émotions sont comme l’eau. Ne cherche pas à les arrêter. Guide-les, laisse-les couler, et elles retrouveront leur calme.”

Avec une confiance retrouvée, Jhivé encouragea l’artisane à exprimer pleinement son émotion. Les vagues du tsunami commencèrent alors à se briser doucement sur les rives, jusqu’à ce que l’immense mur d’eau devienne une simple pluie légère, bienfaisante et apaisante. Jhivé avait compris que les émotions, si on ne les bloque pas, finissent toujours par apaiser la terre.

Le Minotaure des Imprévus

Au plus profond du Jardin, Jhivé se retrouva piégé dans un immense labyrinthe de ronces mouvantes. À chaque fois qu’il croyait trouver une issue, le chemin changeait. C’est alors que le Minotaure des Imprévus, une créature imposante, aux cornes redoutables et aux yeux dardant des éclairs, apparut.

“Tu ne pourras jamais prévoir ce qui t’attend ici,” gronda le Minotaure. “Chaque chemin que tu empruntes sera une impasse. Abandonne, Jhivé, car tu ne contrôles rien.”

Jhivé était à bout. Le labyrinthe semblait se refermer sur lui, comme sur l’analyse des pratiques professionnelles. Mais c’est alors que le renard roux, son compagnon des bois, réapparut. Avec son regard vif et son sourire espiègle, il murmura à Jhivé : “Chercher à contrôler l’imprévu, c’est comme essayer d’attraper le vent avec tes mains. Danse avec lui plutôt que de le combattre.”

Inspiré, Jhivé cessa de chercher une issue directe. Il suivit son intuition, prenant des détours inattendus, jusqu’à ce qu’il trouve enfin la sortie. Le Minotaure, vaincu par la flexibilité et l’improvisation, s’effaça dans l’obscurité.

Le retour de Jhivé

Joris Vadi Intervenant en analyse des pratiquesAprès avoir surmonté toutes ces épreuves, Jhivé retourna enfin au temple, épuisé mais grandi. Son maître l’attendait, le regard serein. “Alors, Jhivé, que t’ont enseigné ces créatures et ces défis ?”

Jhivé se redressa et répondit : “Maître, j’ai appris que chaque adversité est une leçon déguisée. Le silence, la connaissance, les émotions, l’imprévu… tous sont des alliés si on accepte de danser avec eux plutôt que de les combattre.”

Le maître sourit, et d’un ton malicieux rajouta : “Alors, Jhivé, soit heureux d’être façonné autant que de façonner, car le véritable voyage ne fait que commencer…”

Joris VADI, Analyse des Pratiques Professionnelles, Formation & Supervision

Épisode 1 de l’aventure d’un intervenant en analyse des pratiques professionnelles.