La visioconférence en analyse de pratiques professionnelles : une innovation ?
Observons une séance d’analyse de pratiques professionnelles en visioconférence : assis dans son fauteuil, chacun se trouve face à la caméra de son ordinateur. En arrière-plan, on distingue un tableau ou encore le chat de la famille. Les visages des autres participants ainsi que le sien constellent l’écran. Plus que jamais l’espace de parole que représente l’APP est primordial pour maintenir le lien et permettre de soulager l’angoisse liée à la situation sanitaire actuelle. Comment organiser l’analyse de pratiques en visioconférence, en maintenant ses objectifs et la cohésion du groupe ?
La finalité de l’analyse de pratiques préservée en visioconférence
Savoir s’adapter
Le contexte sanitaire actuel (gestes barrières, confinement – reconfinement) conduit à devoir offrir d’autres alternatives aux séances d’Analyse des Pratiques classiques. Veillez à conserver néanmoins son objectif : libérer la parole des professionnels dans cette période trouble, tout en assurant une continuité d’intervention au sein des structures.
Le recours à la visioconférence en analyse de pratiques professionnelles n’est pas sans occasionner des craintes pour l’animateur et les participants :
- le non-accès à l’expression corporelle ;
- le manque d’expérience et de compétence dans cet exercice ;
- l’absence de maîtrise de l’outil informatique ;
- l’entrée dans la sphère intime.
Savoir innover
“Ne sait ce qui est bien qui nul n’essaie”.
Cette situation totalement inédite que nous vivons est aussi une opportunité pour explorer d’autres manières de faire. Ce peut être stimulant d’expérimenter de nouvelles modalités de travail ; l’idée étant d’analyser le déroulement de la séance pour tirer tous les enseignements et ouvrir le champ des possibles.
Des précautions à prendre pour réussir l’analyse de pratiques professionnelles en visioconférence
Prévoir des aménagements techniques
Qui dit communication virtuelle, dit logiciel de visioconférence. Il en existe de nombreux sur le marché. Encore faut-il trouver celui qui saura répondre à vos besoins et aux critères de sécurité.
Pour la question de la confidentialité et de la gestion des données, quelques précautions sont à envisager : utiliser en priorité un outil institutionnel et privilégiez l’ordinateur du bureau.
En matière d’ergonomie, songez à un logiciel doté d’une fonction “demande de la parole” pour favoriser la fluidité des échanges. Pour une meilleure prise en main, l’animateur de séance ou le responsable d’établissement peut proposer un temps en amont pour se familiariser avec l’outil. Ainsi, cela participe de la sécurisation “technique” de l’ensemble des participants.
Bien préparer son animation
Le recours au distanciel suppose que l’animation de la séance soit davantage structurée et guidée. L’animateur veille à la mise en place de règles de fonctionnement du groupe spécifiques à cet exercice. Elles ont pour objectif de faciliter la circulation de la parole. De même, le temps d’inclusion en début de séance permet de détendre l’atmosphère. En effet, les participants ne se sont pas salués au préalable autour d’un café.
Sur ce format, sans accès au langage du corps, une attention particulière est alors donnée à l’expression du visage pour décoder les réactions et émotions. L’animateur de séance est d’autant plus concentré sur les écrans, pour s’assurer que ceux qui veulent témoigner puissent le faire. Aussi, il limitera le nombre de participants.
Un travail de qualité peut être réalisé dans une analyse de pratiques professionnelles en visioconférence, pour autant que la séance soit bien préparée et que certains points de vigilance soient observés. La force du groupe et les ressources propres des professionnels est un gage de réussite, de même, qu’un esprit d’innovation et de curiosité.
Stéphanie Le Friec, Rédactrice, spécialisée dans le secteur médico-social
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Image par Jagrit Parajuli de Pixabay