L’Analyse des Pratiques vue par Christophe ALLANIC, Psychologue
Monsieur ALLANIC , vous êtes psychologue clinicien et intervenez en Analyse des pratiques professionnelles, nous avons quelques questions pour vous!
Qu’elle est pour vous l’utilité de l’Analyse des pratiques professionnelles ?
L’analyse des pratiques permet à des professionnels de prendre une certaine distance par rapport à ce qu’ils vivent au contact des personnes avec qui elles travaillent, de repérer ce qui est en jeu à leur insu, tant de leur côté que du côté de l’usager (patient, résident…). Ce repérage permet un ajustement de sa posture professionnelle, d’où découle le plus souvent un soulagement de la tension ou de l’angoisse vécue par le professionnel qui était en prise jusque là avec une difficulté, et un avancement du côté de la problématique de l’usager, patient, résident.
Ce peut être également le lieu pour interroger son rapport à l’institution, sans pour autant tomber dans le travers d’une critique de l’autre absent (la direction, l’encadrement…), ce à quoi veille l’animateur. Autrement dit, il s’agit de porter l’interrogation sur soi (ou sur les autres personnes présentes) et non sur l’autre absent.
Quels sont pour vous les établissements, les services ou les équipes qui en ont le plus besoins et pourquoi ?
Cela concerne toute équipe qui travaille avec de l’humain. Car dès lors, se met en place de l’intersubjectivité, qui ne peut être mise de côté pour un travail respectueux des personnes, tant du côté du professionnel que du dit-usager.
Quelles sont les conditions qui doivent être réunies pour la mise en place de sessions d’analyse des pratiques professionnelles et pourquoi ?
On ne peut mettre au travail sa subjectivité que si l’on est a minima demandeur d’un tel type de travail. Si les résistances sont trop importantes, l’analyse de pratiques ne peut porter ses fruits, un travail de type « analyse institutionnelle » pour repérer ces résistances est peut-être alors un préalable nécessaire.
Cela demande donc des garanties institutionnelles pour que ce travail se mette en place : un lieu, un temps, un espace « psychique », garantis tant par l’établissement qui ne fera pas intrusion, que par l’intervenant qui garantira le respect de la parole et des personnes présentes et absentes.
Quelle(s) approche(s), méthodologie(s), outil(s) utilisez vous principalement en Analyse de la pratique et quels sont leurs atouts ?
Mon travail est orienté par la psychanalyse. Chacun est invité à exposer une situation comme cela lui vient, sans la préparer à l’avance. Car il ne s’agit pas d’être objectif (comme dans le cadre d’une réunion de synthèse…), mais d’être dans une parole subjective. L’élaboration autour de cette situation exposée (élaboration collective) se fait donc à partir des oublis, des doutes, des questions, de l’imaginaire, inhérents à cette parole.
Quelles sont les erreurs majeures à ne pas commettre lors de la mise en place d’un projet depuis son initialisation à sa réalisation ?
Il est difficile de les repérer, cela dépend souvent de l’histoire de l’équipe ou de l’institution, mais un travail préalable avec l’équipe est un préalable nécessaire, notamment autour de la question de leur demande.
Analyse des pratiques, Posture professionnelle, Prise de recul