Dans les situations où la dynamique de groupe a du mal à se mettre en route (équipes en cours de restructuration, recrutements récents, turn over…). Mon approche consiste dans un premier temps à permettre aux membres du groupe de co-construire une culture professionnelle et des référentiels communs en partant de la question : « en quoi faisons-nous groupe ? » (valeurs, pratiques, référentiels, objectifs communs…). Ce pré-requis au travail d’élaboration qui s’en suivra permet de retrouver du sens au travail et de se remobiliser à partir de la question de l’identité professionnelle. La construction de cet espace du collectif permet l’établissement d’un groupe contenant au sein duquel il sera possible pour chacun de dévoiler ses écueils professionnels, et de mieux saisir ce qu’il en est de son positionnement au sein du groupe et de sa posture professionnelle dans une situation donnée. C’est ainsi que les membres du groupe pourront prendre conscience de ce qu’ils peuvent apporter de singulier à leurs collègues, mais aussi de mieux appréhender leurs propres limites professionnelles, question éthique incontournable. Cette approche permet de développer la coopération et la synergie des forces au travail.
L’approche systémique expérientielle est très utile dans les cas où une situation de crise a mis à mal les capacités d’empathie des membres du groupe, situation qui peut aller vers une dynamique axée sur la désignation d’un « bouc émissaire » (professionnel, parent, enfant, direction…), jugé unique responsable de l’ensemble des dysfonctionnements du groupe. Si cette situation s’installe, le fait de faire front contre le « bouc-émissaire » supposé des maux de l’équipe peut devenir le seul élément qui maintienne l’équipe liée. C’est alors que la réflexivité des professionnels se trouve paralysée. Dans ce type de situation, mettre des mots sur son vécu et ressenti dans une situation donnée permet également dans un second temps de mieux appréhender les vécus et ressentis d’autrui. Ainsi, les phénomènes de projection massive se dissolvent, et le groupe peut retrouver un fonctionnement plus sain, chacun pouvant reprendre conscience de sa part de responsabilité et donc retrouver sa capacité d’action sur des évènements précédemment jugées inextricables. Cette approche permet progressivement aux membres du groupe de repasser du stade de la plainte à celui de la réflexivité.
J’utilise l’approche constructiviste dans les situations où le groupe à le sentiment d’être dans une impasse, avec prédominance d’affects dépressifs et fort sentiment d’impuissance. Il s’agit d’accompagner le groupe à progressivement comprendre comment cette réalité qui écrase la créativité et l’élan vital du groupe s’est construite : à partir de quels postulats, représentations, croyances… Ce travail permet de faire émerger de nouvelles perspectives précédemment impossibles à concevoir. La technique consiste en des questionnements circulaires, qui permettent au groupe de mieux saisir la circularité des interactions entre ses membres, et la manière dont son système de croyances s’est progressivement construit à travers ces interactions. Ce travail est souvent une condition sine qua non à l’ouverture vers d’autres possibles, dans l’objectif de trouver une issue à certains états de stase de la pensée du groupe.