Évolution des GAPP : quel profil d’intervenant choisir?
Depuis quelques années, on observe une évolution des profils d’intervenants demandés dans les annonces de Groupes d’Analyse des Pratiques Professionnelles (GAPP) du Portail de l’analyse des pratiques.
Ainsi, à côté des psychiatres et psychanalystes, sont apparus les psychologues, psychothérapeutes, psychologues du travail, psychosociologues, ethnologues. Aujourd’hui, on assiste à l’émergence des professionnels du secteur, formateurs, coachs, consultants.
Pourquoi cette évolution ? Quels critères pour choisir son intervenant ?
Une évolution des compositions des GAPP
Dans les années 70, les professionnels bénéficiant de la mise en place de groupes d’analyse des pratiques professionnelles étaient généralement des personnels soignants ou éducatifs relevant d’établissements de santé et de l’éducation spécialisée.
Les GAPP avaient pour objet de leur permettre d’identifier et de dénouer les enjeux de transferts entre eux et les personnes soignées ou accompagnées. Ils étaient alors animés par des psychanalystes ou des médecins psychiatres d’orientation psychanalytique.
Progressivement, les GAPP ont été élargis à d’autres types d’établissements et à d’autres équipes, générant une évolution des besoins d’accompagnement des pratiques.
On a alors vu apparaître des GAPP pour des équipes de pairs, des équipes pluridisciplinaires, en intra, en inter-établissements, dans tous types d’établissements, du sanitaire à la petite enfance.
Une évolution des besoins des professionnels
On observe que les évolutions de la société impactent le quotidien des professionnels et en conséquence leurs besoins d’accompagnement. Ainsi:
- Les différences culturelles entre les professionnels des générations X, Y et Z peuvent générer des difficultés de communication, voire de compréhension du monde de l’autre. Les relations au sein de l’équipe s’en trouvent complexifiées.
- L’économie collaborative incite les professionnels à vouloir participer au process de décision.
- La connectivité accrue (réseaux sociaux etc) crée une tension quant à la communication au sein de l’établissement. Les professionnels sont en attente d’une meilleure qualité de communication en interne, entre eux, avec l’encadrement.
- Les évolutions migratoires créent des questions nouvelles…
Dès lors, les professionnels recherchent moins à connaître l’inconscient qu’à appréhender les questions du sens, de la cohérence autour des missions, de la qualité des relations et des interactions.
Le cadrage de la demande d’intervention
Avant de s’interroger sur l’approche ou le profil d’intervenant, il me semble essentiel de procéder à un cadrage précis de la demande d’intervention.
- Recueil des besoins : Auprès de qui ? comment ? …
- La situation des équipes : turnover, expérience de GAPP antérieurs
- La composition des groupes d’analyse des pratiques professionnelles
- Le jour et l’heure, la fréquence d’intervention
- Le contexte plus global de l’établissement (projets, climat social etc)
- Le process de décision
- Le budget alloué
- Le lieu d’intervention
La salle où se déroulent les GAPP est un élément essentiel de leur succès. Au delà de la confidentialité des échanges, la salle doit permettre au groupe de se sentir à l’aise.
Lors des GAPP que j’anime, je propose des expérimentations afin de mettre en mouvement les équipes, tant physiquement, que psychiquement. Pour cela, il est nécessaire d’avoir un espace suffisamment grand, au mobilier modulable.
En conclusion,
Il n’y a pas de meilleure catégorie d’intervenants pour animer des GAPP. Tout dépend de votre besoin et de celui des équipes à accompagner.
Lorsque j’étais commanditaire, je préférais ne pas trop restreindre mon cahier des charges sur le profil d’intervenant.
En effet, j’avais envie de me laisser surprendre par les réponses. J’étais surtout attentive à ce qu’une « rencontre » puisse se faire entre les équipes et l’intervenant.
En thérapie, on dit que les conditions de réussite de la thérapie relèvent de :
- la qualité de la relation entre le thérapeute et son client (30%),
- l’implication et la détermination du client (40%),
- la confiance dans l’efficacité du traitement (15%),
- la spécificité de l’approche thérapeutique (15%).
J’ai la croyance qu’il en est de même en accompagnement de la pratique professionnelle.
Sybille Renaud, Intervenante APP, Exécutive coach, ancienne directrice d’établissements
Crédit illustration: Greg Montani de Pixabay