De l’accompagnement des pratiques professionnelles en EHPAD

Les personnes âgées, les personnes en perte d’autonomie ou en situation de handicap, jouissent des mêmes droits et libertés que l’ensemble de la population. Pourtant, sur les 900 réclamations dénonçant les conditions et  modalités d’accompagnement médico-social qui ont été adressées au siège du Défenseur des Droits, ces dernières années, 80% mettaient en cause un EHPAD.

Il apparaissait que le respect de la dignité et de l’intégrité des personnes accueillies en EHPAD était bafoué. Cela amenait la notion de maltraitance et de discrimination envers les personnes accueillies en EHPAD, leur vulnérabilité liée à la perte d’autonomie facilitant les atteintes aux droits et libertés des résidents.

Du soutien et de la formation des équipes soignantes

En qualité de psychologue clinicienne ayant exercé en Hôpital (HAD, Psychiatrie et Soins Palliatifs), Clinique, EHPAD et ayant participé à plusieurs groupes de lecture de la HAS, dans le cadre de l’élaboration des manuels des Recommandations de Bonnes Pratiques Professionnelles, j’ai pris conscience que les rotations importantes, l’épuisement des équipes pouvaient nuire à un accompagnement même « pensé adapté ».

D’où l’intérêt des séances régulières d’Analyse de Pratique Professionnelle et/ou des formations sur des thèmes allant de la bientraitance à la fin de vie en passant par les pathologies liées au grand âge.

Les risques psychosociaux et le management doivent être abordés lors des rencontres, car l’encadrement est lui-même mis à mal du fait de se trouver en étau entre la direction et les équipes.

Certaines situations peuvent mener à la maltraitance en direction des résidents par les équipes qui se trouvent parfois victimes de maltraitance institutionnelle ne peuvent verbaliser leur ressenti.

L’Analyse des pratiques, un espace d’accueil de mise en mots du vécu professionnel.

Il est toujours difficile au soignant de parler de sa pratique. Il est au quotidien « le nez dans le guidon » et tout ce qui le renvoie à l’expression d’un mal-être éventuel et/ou  la perception de différences de points de vue peut le déstabiliser.

En effet, l’Analyse des pratiques professionnelles est une prise de recul et de réflexion quant à ses propres modes de fonctionnement.

Se départir de ses motivations individuelles nécessite de les reconnaître. Cela est difficile car, souvent, sont confondus motivations personnelles et rôles professionnels. Dans le travail en commun, il est nécessaire d’identifier des représentations, des croyances et des résonances personnelles ainsi que les incidences dans la pratique professionnelle.

Il est nécessaire de différencier la fonction et la personne, l’identité et le comportement, l’être et le faire, l’intention et l’action.

Un système à bout de souffle

J’ai conscience qu’étant au cœur même du système, lié au manque de ressources humaines et matérielles, les équipes sont contraintes de travailler bien souvent en “mode dégradé” et prennent moins le temps pour chaque résident afin de réaliser l’ensemble des soins minimums d’accompagnement et d’hygiène.

Cela engendre de la culpabilité voire un détachement que l’on retrouve dans les scores MBI pour évaluer le BURN-OUT.

• L’épuisement professionnel (Burn-Out) est typiquement lié au rapport avec un travail vécu comme difficile, fatigant, stressant…
• La dépersonnalisation, ou perte d’empathie, se caractérise par une baisse de considération positive à l’égard des autres (patients, collègues…) ; c’est une attitude où la distance émotionnelle est importante, observable par des discours cyniques, dépréciatifs, voire même par de l’indifférence.

Cela est difficile pour tout soignant et le mettre en exergue rend encore plus complexes les missions.

L’idéal serait l’accomplissement personnel : un sentiment « soupape de sécurité » qui assurerait un équilibre en cas d’épuisement professionnel et de dépersonnalisation, un épanouissement au travail, un regard positif sur les réalisations professionnelles.

En raison également de l’état cognitif des résidents de plus en plus prononcé dans les structures EHPAD, certains droits comme :

– de la liberté d’aller et venir
– du droit à l’intimité

restent difficiles à mettre en œuvre! Tout n’est pas linéaire mais au contraire bien transversal!!!

En effet, 58% , en 2019, des personnes accueillies en EHPAD subissaient une démence de type Alzheimer ou maladie apparentée selon la Fondation MEDERIC ALZHEIMER. D’où l’intérêt de l’Analyse de Pratique Professionnelle car il est primordial d’avoir un regard sur soi et d’accepter de se sentir sollicité psychiquement dans le quotidien par ses pratiques professionnelles, de se considérer ou non comme un réceptacle psychique des anxiétés, attentes, défenses mises en place par les familles pour résister à une impensable annonce ou conséquence (maladie, décès, handicap, …).

Gladys CHARLES PALIN – Psychologue-CARAIBES ET METROPOLE

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