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Haro sur la confidentialité au sein des GAPP

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J’ai souhaité rédiger cet article autour de la confidentialité car c’est une thématique qui nous envahit quelques fois. Je vais tenter de reposer dans cet article ce que j’entends par envahir, et comment ce principe de confidentialité à mon sens peut être transgressé.

La confidentialité, un principe fondateur du GAPP : « ce qui est dit ici n’en sort pas !! »

L’Analyse des Pratiques Professionnelles est un temps centré sur les situations cliniques et plus précisément sur la verbalisation des pratiques d’accompagnement. Ces temps institués dans les établissements nécessitent que la confiance s’installe entre l’animateur du GAPP et l’équipe. Le respect de la confidentialité dans le groupe permet aux membres du groupe d’acquérir la confiance nécessaire.

En quoi ce principe est-il important ?

Les membres du groupe se dévoilent lors de la présentation de leur situation. Ils prennent le risque notamment de dire :

  • J’ai mal fait,
  • Je n’en peux plus,
  • Cet usager m’agace,
  • Et tant d’autres choses qui relèvent de leur professionnalisme,

A première vue, il est donc nécessaire, fondamental de protéger les participants au GAPP de toute fuite vers l’extérieur. En effet, comment laisser filtrer à l’extérieur un aveu de non-professionnalisme, ou un aveu de manque de distance quand il s’agit d’un principe de base en travail social ?

L’animateur est lui-même soumis au secret professionnel. Il s’engage au respect de cette règle stricte et ne pourra y déroger que dans le cas où un des membres ou un usager est en danger physique ou psychique grave. Dans de nombreux codes de déontologies concernant l’analyse de la pratique professionnelle cette règle du secret professionnel et donc de la confidentialité est posée.

Pourtant l’expérience qui se partage dans les groupes d’analyse de la pratique permet à l’équipe de partager des savoirs, et d’en construire d’autres collectifs.

La confidentialité versus perméabilité

A juste titre, lors des séances des différents groupes que j’anime je posais la confidentialité comme une évidence et comme un incontournable. Aujourd’hui, cette règle m’apparait un peu obsolète, et en tout cas à pondérer, à mesurer, et à transgresser en toute bienveillance.

Je vais bien entendu m’expliquer sur cette dernière phrase. Je n’ai pas du tout éliminé la confidentialité dans le groupe comme principe ou règle. Je propose simplement un aménagement qui me semble tout à fait acceptable de cette règle.

Nous sommes tous d’accord pour poser le fait que le GAPP est un temps professionnel qui permet de travailler sur des situations cliniques.

A partir de ce postulat, toute situation qui est travaillée dans un GAPP permet au groupe et notamment à celui qui expose d’obtenir des éclairages quant à sa posture, sa pratique professionnelle. Si dès lors que cette situation est décortiquée et qu’ainsi des éclairages sont apportés voire des pistes il est bien nécessaire que ce travail sorte de cet espace.

En disant cela je pose peut-être une évidence, mais il semble que bien souvent les GAPP ne permettent cette perméabilité. Je conçois mon rôle d’animateur de GAPP comme un rôle qui permettra aux équipes de repartir avec des éléments, et une mise au travail à l’extérieur.

Après réflexion, j’ai modifié ma façon de présenter la confidentialité dans les groupes d’analyse de la pratique professionnelle. Au risque de peut-être faire peur à quelques autres animateurs de GAPP, mais pour le confort des professionnels au sein du groupe cela s’avère inévitable.

Un exemple : 

Considérons par exemple le travail de l’une des séances à laquelle je pense. J’interviens dans une MAS où les professionnels me posent la problématique d’un refus de toilette récurrent. Cela pose un véritable problème à l’équipe : l’hygiène du patient. En effet, l’équipe ne parvient absolument pas à l’accompagner vers la toilette et des problèmes d’odeur interviennent régulièrement. Ce refus est quotidien, et ce quel que soit le professionnel. L’équipe est aujourd’hui dans une forme d’abandon du patient car pour eux cela relève de l’impossible. Après avoir travaillé avec l’ensemble du groupe autour de cette situation, des regards très différents se sont posés, et ont permis d’ouvrir le champ des possibles. Ces regards et analyses ont permis à chacun de se repositionner quant à leur valeur autour de l’hygiène.

Ce travail n’a de sens que si en dehors de la séance d’analyse de la pratique professionnelle, l’échange se poursuit pour proposer des pistes, pour réaborder la situation lors des transmissions, ou en temps clinique avec d’autres professionnels. C’est tout l’objet de cet article. Dire oui à la confidentialité mais attention que cela ne devienne pas un frein au travail à l’extérieur du groupe.

En conclusion, il m’est apparu important de faire cet article pour redire que la confidentialité est nécessaire dans un groupe, mais pas de façon stricte. Tout est donc dans la nuance et l’adaptation en fonction du contexte, des besoins réels de l’équipe et de l’accompagnement des usagers. Cette notion mérite donc de s’y attarder dès le départ d’un GAPP pour en définir collectivement les contours constructifs loin de tout préjugé.

En Savoir plus sur l’Auteure: Belinda INFRAY
Intervenante en Analyse des Pratiques

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