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Psychomotricien-nes & Analyse des Pratiques

psychomotricien psychomotricienne

Les Psychomotricien-nes sont des professionnels mentionnés par le décret de la Petite Enfance pour animer des séances d’Analyse de la Pratique.

L’article 7 de l’arrêté du 29 juillet 2022 relatif aux professionnels autorisés à exercer dans les modes d’accueil du jeune enfant, mentionne, que cumulés à une pratique de terrain, certains diplômes sont autorisés pour animer des séances d’Analyse de la Pratique. Ces diplômes sont : psychologue, psychiatre, psychosociologue, professionnels diplômés en puériculture, éducateur de jeunes enfants, Master 2 en sciences de l’Éducation et psychomotricien.

Contactée par de plus en plus de psychomotriciens souhaitant professionnaliser leur démarche avant de devenir Intervenant en Analyse de la Pratique (IAPP), voici un article « Zoom sur les Psychomotriciens et Psychomotriciennes en APP ». Ainsi, il vise à les informer de cette opportunité, les encourager à utiliser leurs points forts et les aider à mieux cerner leurs points de fragilité compte tenu de leur formation initiale.

Psychomotricien.ne : un métier encore trop peu connu

Pourtant, diplômés d’état, post bac +3, après sélection par dossier, le métier de psychomotricien.ne est encore trop peu connu. Ces professionnels interviennent dans de nombreux secteurs notamment celui de l’accompagnement. Ils exercent ainsi auprès d’un très large public : bébés, enfants, adolescents, adultes et personnes âgées. Aussi,  leur pratique est très diversifiée : secteur médico-social, sanitaire,  domaine du handicap,…

On les connaît plus facilement dans leur pratique libérale, en individuel ou en collectif, quand il est question de bilans, de séances de psychomotricité ou de thérapie psychocorporelle. Et, on ignore encore trop souvent qu’ils sont, la plupart du temps, salariés d’établissements :

  • Institut Médico-éducatif (IME).
  • Service d’Éducation Spéciale et de Soins A Domicile (SESSAD).
  • Clinique en Soins Médicaux de Réadaptation (S.M.R.).
  • Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes(EHPAD).
  • Centre Médico-Social (CMS).
  • Centre Médico Psycho Pédagogique (CMPP).
  • Écoles spécialisées…

A la fois thérapeutes et rééducateurs, les psychomotricien-nes sont très souvent employés à temps partiel dans les établissements. Dès lors, ils sont formés pour réaliser des actions psychomotrices permettant à leur patient de mieux vivre avec leurs troubles. Ils œuvrent pour développer l’autonomie de leur patient dans le quotidien. Ainsi, ils les accompagnent dans l’ajustement de leurs fonctions affectives, psychiques et motrices. Les psychomotricien-nes agissent également en prévention, en plus d’accompagner à l’éducation pour la santé.

Psychomotricien.ne et animateur de séances d’Analyse de la pratique : points forts

Les psychomotricien-nes sont formés à accompagner tout public, et bénéficient en plus de leur savoir approfondi en psychomotricité, de connaissances opérationnelles très larges. Ces professionnels disposent d’une culture générale de qualité sur plusieurs domaines :

  • Anatomie et physiologie.
  • Communication et relation d’aide.
  • Psychologie des différents âges de la vie.
  • Psychosociologie du handicap.
  • Ethique et déontologie…

Aussi, ils sont entraînés à développer une grande adaptabilité, avec une approche individualisée des personnes accompagnées. Ils y incluent également les observations de l’environnement proche (parents, établissements scolaires, médecins, psychologues…).  Aussi, ils développent, très souvent, parfois même sans le dire explicitement, une vision systémique.

Ils disposent d’une facilité à fonctionner avec souplesse dans différents contextes de par leurs connaissances larges et fiables. Leur habitude de fonctionner dans une démarche individualisée et systémique est un véritable atout pour animer des séances d’Analyse de la Pratique.

Aussi, il paraît important de rappeler que la capacité à fonctionner à plusieurs, en Analyse de la Pratique, est requise. Sur ce point, les psychomotricien-nes sont dotés de sérieux avantages. En effet, formés à une pratique individuelle comme de groupe, et, travaillant souvent en équipes et/ou auprès de familles et institutions avec une place transversale, les psychomotricien-nes sont plutôt à l’aise dans les réunions et les séances de travail collectives.

En synthèse : les psychomotricien-nes peuvent s’appuyer sur de solides compétences pour devenir intervenant en Analyse de la Pratique. Quelles peuvent être leurs zones de fragilité ?

Psychomotricien.ne et animateur de séances d’Analyse de la pratique : zones de fragilité

Les psychomotricien-nes n’ont que très rarement connu de séances d’analyse de la pratique lors de leur formation initiale. Et, même une fois diplômés, ils sont souvent exclus des temps d’Analyse de la Pratique mis en place dans les organisations dans lesquelles ils sont pourtant salariés. Leur statut de rééducateur et leur emploi à temps partiel en sont les raisons souvent évoquées. Il existe, certes, depuis quelques années des groupes d’Analyse de la Pratique pour psychomotricien-nes, cependant ils restent rares. Pour toutes ces raisons, les psychomotricien-nes peuvent donc ne pas avoir connu du tout le travail d’Analyse de la Pratique, en tant que participant. Bien que cela ne soit pas rédhibitoire à mon sens, cela reste pour leurs capacités d’animation, une importante fragilité. En effet, ils ne pourront pas s’inspirer ni s’appuyer sur un vécu qui leur aurait permis de capter la puissance et la finesse de ces dispositifs.

Autre conséquence pouvant découler de cette absence de vécu de l’outil “en interne” : le risque de glissement de cadre. En effet, le travail effectué lors des séances d’analyse de la Pratique est précis et le risque de confusion avec d’autres dispositifs est important. Cela est un fait et concerne bien évidemment tous les secteurs dans lesquels les Analyses de Pratiques sont mises en place. Ce risque concerne donc, par extension, tous les intervenants. Cependant, les psychomotriciens ayant souvent une très faible expérience personnelle du dispositif, se retrouvent d’autant plus sujets à ces risques de glissement de cadre.

Focus sur les enjeux spécifiques pour un psychomotricien animateur de séances d’analyse de la pratique en crèche ?

Ce que mon expérience d’intervenante en Analyse de la Pratique en crèche m’a montré c’est que le risque de confusion le plus fort se situe entre Analyse de la Pratique et Étude de Cas. En effet, il semble que pendant de très nombreuses années, les séances d’Analyse des pratiques menées en crèche ont été des espaces d’études de situation. Il faut dire que le besoin de comprendre la situation pour les professionnels est un réel besoin et qu’il est, en plus, souvent la preuve d’un souhait de vouloir bien faire.  Ce besoin est pleinement humain.

Rajoutons à cela qu’en crèche le temps de réunion est assez faible compte tenu du nombre d’heures effectués auprès des enfants ; il est donc normal que les réunions restent centrées sur la composante de fonctionnement de la crèche (articulation entre les fonctions des différents professionnels) et ne puissent absorber la fonction d’analyse des comportements spécifiques d’enfants accueillis. Clairement, la tendance à ce que les Analyses de Pratique évoluent en étude de situation est importante dans les crèches. D’où la nécessité que l’intervenant soit lui, bien au clair sur le cadre technique des interventions qu’il mène.

En crèche, d’autres risques de confusion sont présents : notamment celui de confondre le cadre de l’Analyse de la Pratique avec celui de la Supervision (technique, relationnelle), ou de la Régulation. Dernier complément, puisqu’il arrive encore fréquemment dans les crèches que les directions soient présentes en Analyse de la Pratique, il me paraît important de mentionner que le risque de glissement des Analyses de Pratique vers la réunion d’équipe est amplifié.

Les zones de fragilité pour les psychomotricien-nes animant des séances d’analyse des pratiques en crèche sont importantes et identifiées en partie ici. Sans une formation complémentaire à l’animation de ces dispositifs, il semble risqué de tenir une posture ajustée.

Psychomotricien-nes : Intervenant en Analyse de la Pratique et perspectives

Le profil des psychomotricien-nes présente de sérieux points forts pour animer des séances d’analyse de la pratique. Il s’agit dans cette dernière partie d’article d’élargir l’horizon pour eux. Ceci, en leur rappelant que si le milieu de la Petite Enfance a légiféré en leur faveur en les reconnaissant comme compétents pour animer des séances d’Analyse de la Pratique, ils peuvent tout à fait envisager de le faire dans de nombreux autres secteurs.

Être psychomotricien.ne et devenir intervenant en analyse de la Pratique dans les milieux:

  • Du handicap.
  • Du médico-social.
  • De l’animation.
  • De l’éducation…

s’envisage tout à fait.

Pour rappel, être issu du secteur dans lequel on intervient en tant qu’animateur de séances AP peut être un plus. Cela n’est pas obligatoire et pour aller même plus loin, je pense sincèrement qu’en ayant une posture humble il est tout à fait possible d’être un intervenant en AP dans tous secteurs. D’ailleurs, je remarque souvent que lorsqu’un intervenant en Analyse de la Pratique intervient dans un secteur qu’il connaît très bien, il risque d’autant plus de se positionner comme un expert métier ou un formateur. Or les objectifs de l’APP sont différents puisqu’ils visent le développement de la réflexivité chez les participants. N’hésitez pas à compléter la lecture de cet article par celui de Marie Paule BEHAR  appuyant la nécessité de changement de posture chez les animateurs APP en crèche.

Une autre perspective me parait intéressante à suggérer : celle d’être psychomotricien-ne et de devenir intervenant en Analyse de la Pratique pour des groupes de praticiens libéraux (médecins, psychologues, sage-femmes, kinésithérapeutes…). En effet les groupes de praticiens formant des groupes d’analyse de la Pratique sont en plein essor. Certaines communes les prennent même en charge financièrement, notamment au sein de maisons médicales par exemple.

Pour aller plus loin

Une dernière perspective encore qu’il me paraît important de mentionner ici : celle d’être psychomotricien.ne et d’animer des séances d’analyse de la pratique pour des parents… Et oui, être parent est une pratique. Alors…pensez-y. Certains intervenants ont déjà démarré ces propositions et elles trouvent du répondant chez les parents, motivés à prendre du recul et questionner le positionnement envers leurs enfants.

En souhaitant que cet article participe à enrichir vos observations et réflexions concernant la pratique d’animateur de séance d’AP, je remercie les psychomotricien-nes qui par leurs remarques et relectures ont veillé à ce que cet article soit actualisé. Parmi eux : Julia CRAZ, Noémie ROUGE, et Marie MIERMONT.

 

Anne CHIMCHIRIANIntervenante, formatrice et superviseure en APP – Drome / PACA


Sources

Ministère du travail, de la santé et des solidarités : Psychomotricien(ne)

Les Pro de la petite enfance : Penser et analyser ses pratiques en petite enfance. Par Monique Busquet

THOLLON BEHAR M.P : De professionnel de la petite enfance à intervenant en Analyse des Pratiques

GIROMINI.F, PAVOT-LEMOINE.C et all., (2022) La psychomotricité. Édition Que Sais-Je.

THOLLON BEHAR M.P. (2023). Petite enfance et analyse de pratique, repères pour intervenir. Chronique Sociale

CHIMCHIRIAN.A, (juin 2024) Devenir intervenant en Analyse de la Pratique avec une vision systémique. Éditions Book On Demand


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