L’analyse des pratiques professionnelles en crèche, plus qu’un droit : un besoin
Exercer en crèche ou dans tout autre établissement d’accueil du jeune enfant, suppose aux professionnels de faire preuve d’une grande responsabilité à l’égard du public accueilli. En effet, ils sont garants de la sécurité physique, affective et psychologique de l’enfant. Parents et équipe pluridisciplinaire doivent œuvrer de concert pour assurer l’épanouissement de l’enfant au quotidien. Aussi, L’analyse de pratiques professionnelles ne serait-elle pas un outil adéquat pour poser, penser et réguler l’ensemble des interactions vécues au sein d’une structure d’accueil pour jeune enfant ?
Le recours à l’analyse des pratiques en crèche.
Véritable outil institutionnel, l’analyse de la pratique n’est pas systématique dans les structures de la petite enfance. Lorsqu’elle est mise en place, elle est pourtant approuvée par les responsables d’établissements et le personnel.
Une séance d’APP est un espace de parole dédié aux professionnels pour leur permettre de s’exprimer sur leur pratique. Ainsi, la mise en réflexion collective a pour objectif global de dégager des axes de résolutions de situations sources de problèmes.
Spécifiquement, l’APP a pour but de :
- Permettre une compréhension face à des problématiques vécues avec les enfants ou les parents.
- Apporter un soutien dans la gestion de conflits entre membres de l’équipe.
- Professionnaliser ses pratiques en renforçant sa capacité d’analyse des situations.
- Se confronter à d’autres modalités d’intervention.
- Favoriser la dynamique de groupe inhérent au travail en équipe.
- Renforcer son identité professionnelle.
Ce dispositif offre un cadre bienveillant, visant à libérer la parole plus facilement. La démarche implique une participation active des personnes dans un état d’esprit d’entraide, d’écoute et de bienveillance.
Une nécessité non-négligeable pour l’ensemble des professionnels.
Les EAJE en crèche offrent les services d’une équipe pluridisciplinaire. On y trouve des postes de directeurs, auxiliaires de puériculture, éducateurs de jeunes enfants, puéricultrices ou encore infirmiers. Ces métiers, dits de l’humain, dotent les individus de formations, qui participent à la prise de recul sur la pratique. Néanmoins, certains membres du personnel sont moins armés pour élaborer des stratégies de régulation émotionnelle.
Ainsi, le recours à des espaces facilitant la mise en mots de situations à forte charge émotionnelle s’avère nécessaire. En outre, cela participe à créer une culture professionnelle commune en construisant une cohérence d’équipe élaborée par l’échange, le débat et la confrontation d’idées.
L’intérêt d’un intervenant extérieur.
Le choix du professionnel en Analyse de la Pratiques se fera par le responsable de l’établissement. De sa connaissance globale de l’EAJE, des spécificités du public accueilli, de la dynamique d’équipe, il sera à même de définir les besoins de son équipe. Faire intervenir un psychologue ou un professionnel d’expérience particulièrement formé à cet exercice est un gage du bon fonctionnement de l’analyse de pratique.
À la différence d’autres outils institutionnels, l’APP permet de décentrer sa pratique à l’aide du regard extérieur et neutre de l’animateur de séance. C’est à ce niveau que la tierce personne apporte une certaine sécurité pour se sentir légitime d’intervenir, sans que cela soit perçu comme un jugement.
Le contexte particulier du Covid-19 en crèche.
Tout comme de nombreux secteurs sanitaire et social, celui de la petite enfance n’a pas été épargné par la pandémie du Covid-19. Les équipes de direction et le personnel de terrain ont dû constamment s’adapter aux directives gouvernementales successives.
Le contexte particulier de la crise sanitaire a mis en lumière une recrudescence de déclarations d’Informations Préoccupantes dans les structures accueillant les jeunes enfants. En effet, le premier confinement a eu pour conséquence la fermeture de certains établissements. Cela a favorisé l’isolement et le repli sur la cellule familiale. Dans des contextes familiaux empreints de conflits et de violence, les professionnels de la petite enfance ont été confrontés à des enfants en souffrance sur le plan physique et psychique. Autant de facteurs qui légitiment le besoin d’un temps régulier entre membres de l’équipe.
Le 5 février 2021, ont été apportés des ajustements au décret sur la réforme des modes d’accueil (loi ASAP – Accélération et Simplification de l’Action Publique). Il était question, entre autres, des temps d’analyses de pratiques professionnelles proposés aux « membres de l’équipe de l’établissement chargés de l’encadrement des enfants ». En matière de temps alloués à ce dispositif, il est prévu que « chaque professionnel bénéficie d’au moins 6 heures annuelles dont 2 heures par quadrimestre » ; le gestionnaire étant libre de la forme et du rythme de ces temps de concertation.
Espérons, vous avoir convaincu du bien-fondé de séances régulières d’analyse de pratiques professionnelles, au sein des établissements accueillant le jeune enfant.
Un Article de Stéphanie LE FRIEC Rédactrice, spécialisée dans le secteur médico-social