Analyse de la pratique professionnelle
La philosophie de la démarche
Le postulat qui traverse le mode d’analyse proposée est l’affirmation que le changement des conduites humaines implique la collaboration libre du sujet aux changements, ce qui n’exclut pas ses résistances. Que c’est par sa conscience, puis sa compréhension des situations et des phénomènes que le sujet accédera à une possible transformation du réel et de lui-même. Le but étant de favoriser une prise de conscience de comment nous structurons nos schèmes d’action et de pouvoir verbaliser l’implicite qui structure la posture professionnelle afin de la rendre plus efficace.
Il est primordial de prendre conscience que la relation d’aide, comme toute relation, est un corps vivant qui se développe selon des lois qui lui sont propres et qu’il nous faut apprendre à comprendre son processus de fonctionnement et de développement. Pour cela, la relation a besoin d’une conscience (celle de l’aidant) et ce n’est qu’en développant sa sécurité intérieure que l’aidant pourra commencer à rejoindre une confiance » (celle de l’aidé(e).
Une démarche expérientielle
Il ne peut y avoir d’apprentissage et de changement durable que si l’aidant expérimente par lui-même ce que cela lui fait d’apprendre quelque chose. C’est donc au travers de l’expérience du vécu de l’aidant que se confronte la théorie qui soutend la démarche expérientielle. Elle facilite et active un processus par lequel des connaissances sont créées à partir d’une transformation de l’expérience de l’aidant. Ces connaissances nouvelles résultent d’une prise de conscience de comment l’aidant agit et pourquoi il agit ainsi et ce, au travers de la transformation de l’implicite d’agir reposant sur des automatismes, en un explicite verbalisé reposant sur la compréhension/réflexion de la situation vécue.
Il nous faut passer du réflexe de l’agir à une réflexion sur l’agir
Quelques mots sur la relation d’aide
Nous sommes constamment dans la relation : relation à soi, relation aux autres, mais rarement nous avons conscience d’être en relation et, encore moins de comment nous relationnons. Au travers de l’A.P.P, nous éprouverons la singularité de notre manière de relationner. Comment se structurent nos “schèmes relationnels” et comment agir sur eux.
En nous appuyant sur les travaux du psychologue C. Rogers, nous expérimenterons les attitudes qui participent d’une relation de qualité à savoir :
L’empathie : Comment ressentir le monde de l’autre et y évoluer “comme si” c’était le nôtre : le “comme si” évitant la fusionnalité. Cette attitude nous permettra d’avoir en conscience ce que nos paroles, nos actes, nos attitudes font à autrui et d’être plus en conscience de ce que nous produisons dans ce que nous faisons.
- La congruence ou authenticité : Une relation de qualité ne peut être qu’authentique. Cela passe par l’accueil des sentiments et émotions vécus dans la relation. Cette attitude nous permettra de faire que nos ressentis participent au construit d’une relation de qualité en discernant identité personnelle et identité professionnelle.
- Le regard positif inconditionnel : Ne jamais perdre de vue que derrière les comportements, les symptômes ou les actes posés se trouve toujours une personne. Cette attitude nous permettra d’apprendre à ne pas ramener la personne à ses actes et nous aidera à ne pas basculer dans le jugement, l’évaluation.
Ce travail d’expérimentation permettra aux personnes d’éprouver l’impact des attitudes mais aussi de prendre conscience des enjeux inconscients qui agissent dans la relation aux autres.
La relation d’aide ne peut se suffire de la bonne volonté ou des bonnes intentions. Elle nécessite une conscience de comment nous construisons la relation à l’autre et à soi. La proposition de l’A.P.P devra permettre aux participants(es) :
D’intégrer les attitudes et de les faire vivre au travers de l’accompagnement spécifique dans lequel les participants(es) seraient amenés à se trouver. Au-delà du caractère purement technique dans lequel nous pourrions basculer, c’est à une transformation de sa propre perception que tend cette proposition d’accompagnement.