Interview de Dominique LEMESRE – Superviseur en travail social
Madame LEMESRE, vous êtes Superviseur en travail social et Présidente d’une association de superviseur. L’analyse des pratiques professionnelles est votre quotidien .
Qu’elle est pour vous la finalité de l’Analyse des pratiques professionnelles ?
- Permettre aux professionnels une montée en compétences au service des usagers
- Harmoniser sa pratique,s’enrichir des expériences de ses pairs. tout ça avec l’aide bienveillante du superviseur qui peut enrichir les séances d’appuis théoriques.
- Avoir un espace de sécurité pour se regarder travailler.
- Acquérir une identité professionnelle, acquérir une dynamique d’équipe.
Quels sont pour vous les établissements, les services ou les équipes qui en ont le plus besoins et pourquoi ?
Tous les professionnels en relation avec l’usager: Le champ est large. Si nous faisons un retour historique, les groupes Balint ont été mis en place entre médecins pour leur permettre de réfléchir à leur pratique.
Nous avons eu ensuite le case Work qui nous est venu des États Unis basé sur la relation d’aide et l’approche psycho social, de là sont venus les premiers superviseurs en travail social.
La supervision est nécessaire pour les professionnels afin de prendre du recul face à des situations complexes.
Relire sa pratique avec l’aide d’un tiers extérieur démontre une maturité professionnelle.
C’est une sécurité pour les usagers et les institutions de part la réflexion des salariés.
L’analyse de pratique permet la Bientraitance de l’usager, et permet d’éviter les risques psychosociaux.
Quelles sont les conditions qui doivent être réunies pour la mise en place de sessions d’analyse des pratiques professionnelles et pourquoi ?
- Avoir une commande bien identifiée.
- Connaître les attentes du commanditaire( nous rechercherons ensuite les attentes des participants).
- Avoir un intervenant compétent dans le champ de l’institution, un intervenant qui connait ses limites rencontrer les commanditaires, établir un contrat, présenter une évaluation.
- Poser le cadre de l’analyse des pratiques: confidentialité, bienveillance,respect,volontariat et engagement.
- La mise en place d’un groupe avec des séances régulières de 2 à 3 heures.
- Le cadre d’intervention est reprécisé à chaque séance pour la sécurité de tous.
Quelle(s) approche(s), méthodologie(s), outil(s) utilisez vous principalement en Analyse de la pratique et quels sont leurs atouts ?
Après un tour de table sur l’ici et maintenant, un ou deux situations(selon la durée de la séance)sont choisies collégialement et mises au travail.
Il peut être décider à la fin d’une séance qu’un participant propose une situation pour la séance suivante.
Selon les groupes, les situations différents outils peuvent m’aider comme l’AT, la CNV,la PNL, j’aime à utiliser différents outils, l’analyse de pratiques n’est pas un lieu de formation spécifique, c’est le groupe qui nous guide. Il m’arrive de travailler la communication, le génogramme si cela peut aider à débloquer une situation.
Pour moi, la réussite,c’est quand un groupe est vite au travail amène des situations et se posent des questions. Quand les questions se croisent entre participants, que la confiance est acquise, alors le GAPP est bien installé..
Quelles sont les erreurs majeures à ne pas commettre lors de la mise en place d’un projet depuis son initialisation à sa réalisation ?
- Qu’elles seraient les erreurs : n’avoir pas pris le temps de connaître les attentes de l’institution. Est ce qu’elles sont les mêmes que les professionnels?
- Prendre en compte les dysfonctionnements, les avoir à l’esprit.
- Savoir dire non, si cela heurte nos valeurs. Exemple : si l’intervenant sert à passer un message institutionnel par exemple.
Quelles sont pour vous les compétences indispensables à un intervenants en APP et pourquoi ?
Être superviseur, avoir exercé sur le terrain, avoir été soi-même supervisé, être toujours supervisé.
Sinon, nous sommes tous des personnes singulières avec des approches et des cultures différentes ce qui fait la richesse de ce site.
Pour moi, être à l’écoute, respectueuse des professionnels.
J’ai un regard positif et je vois toujours les professionnels en croissance..
J’adore ce que je fais, j’y crois.
Quels conseils donneriez vous à un jeune intervenant souhaitant se lancer dans l’Analyse des pratiques professionnelles?
- Bien définir son projet,dialoguer avec d’autres intervenants.
- Pourquoi pas le tutorat.
- Ne pas rester seul,bénéficier de contrôle par un superviseur.
Présidente d’une association de superviseur, j’aurai tendance à dire,venez partager avec nous, travailler sur la supervision, pouvoir en parler.
Chaque groupe est différent et parfois il arrive qu’il mette l’intervenant en difficulté, d’où la nécessité de pouvoir partager en cas de difficulté.
Nous pouvons être mis en miroir et être englobé dans les situations, perdre notre objectivité, surtout ne pas rester seul.
Une évaluation du travail en cours est elle nécessaire ?
Oui, elle est nécessaire pour rendre visible notre travail en /
- Utilisant une échelle de mesure du mouvement du groupe.
- Montrant l’évolution, en quoi l’APP a été positive, partager les bienfaits avec le groupe.
- Décider avec le groupe ce que vous allez partager avec le commanditaire .
- Montrer à vos commanditaires l’évolution professionnelle des salariés, démontrer en quoi l’APP est positive pour les usagers et l’institution
Dominisque LEMESRE est Superviseur en travail social et formatrice – Téléphone :03 21 74 87 68