Le Photo Langage ®
Utilisation de l’outil Photolangage® dans le travail de groupe.
Dans le cadre d’une formation menée auprès d’un groupe de professionnels amenés à travailler sur un projet de prévention des conduites addictives en établissement de santé, nous avons proposé une séance Photolangage® en début de formation. Le but de cette séance était de permettre à un groupe d’une quinzaine de professionnels de santé, de travailler sur leurs propres représentations de la dépendance à un produit et ainsi de réfléchir à la mise en place d’un projet de prévention cohérent avec le projet de leur établissement. Photolangage® a permis la mise en mots et en figuration de ce qui pour chacun évoquait l’addiction, les représentations associées, les peurs, les fantasmes etc. Le choix des photos et la phase de verbalisation qui s’en sont suivis ont eu pour finalité de faire exister le groupe en tant qu’entité, prenant corps dans la formation à venir grâce à la mise en lien des projections de chacun.
Mais comment fonctionne une séance de photolangage® ?
Photolangage® va permettre à la fois de solliciter, mobiliser les représentations, l’émotionnel, tout en permettant de ne pas trop de se livrer personnellement. Il respecte les défenses de chaque membre du groupe mais les met également au travail au travers des figurations qu’il propose de thématiques parfois difficiles sur le plan de la représentation psychique (mort, maladie, vieillesse, féminité, masculinité, sexualité, dépendance, violence etc.). Il remobilise un groupe dans le cadre de la construction d’un projet commun, d’une perte de repères des équipes etc.
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- L’objectif : il est ce qu’il y a de plus important, et il ne s’agit pas d’aller à contre-courant de l’entreprise ou de l’institution. Les enjeux et les objectifs se travaillent en amont, en rapport avec le public mais aussi avec l’institution (emboîtement).
- – Ex 1 : en gérontologie, où il peut y avoir de la maltraitance, l’idée va être de relancer la pensée, mobiliser le vivant, renforcer « l’être ensemble ».
- – Ex 2 : public de professionnels du soin à domicile. Objectif, se représenter ce qu’est une relation à l’autre, qu’est-ce que la dépendance, quelles sont les limites de chacun, les angoisses ?
- Le nombre de participants : il est difficile d’être plus de quinze en séance. Dans le cadre d’un usage psychothérapeutique il est même conseillé de ne pas être plus de 6 participants autour de l’animateur.
- L’objectif : il est ce qu’il y a de plus important, et il ne s’agit pas d’aller à contre-courant de l’entreprise ou de l’institution. Les enjeux et les objectifs se travaillent en amont, en rapport avec le public mais aussi avec l’institution (emboîtement).
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- Le lieu : il se doit d’être confortable (grand, avec deux espaces) et doit toujours être le même d’une séance à l’autre. Un espace avec des tables où disposer les photos et un deuxième espace à côté avec des chaises pour la discussion, photos à la main. On ne peut pas faire une séance dans une salle « fantasmée » comme mauvaise, trop signifiante sur le plan imaginaire.
- Le mode de fonctionnement :
il existe 3 manières de fonctionner (3 types de groupe) :
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- – Groupe ouvert : comme une activité déterminée dans le jour et l’heure, ouverte à tous et sur un thème précis à chaque fois
- – Groupe fermé : ce qui renforce le côté « contenant », rassurant du groupe, surtout si on travaille sur des problématiques difficiles.
- – Groupe semi-ouvert : au fur et à mesure que quelqu’un part du groupe, sa place est proposée à quelqu’un d’autre (départ d’un service par ex.). Il y aura donc toujours le même nombre de places et de chaises, vides à certains moments. Dans la mesure du possible, tous les départs sont préparés et toute entrée aussi.
- La durée : le temps d’une séance doit être fixe, tout comme l’horaire. Le temps individuel de choix est capital.
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- Les photos : Le nombre de photos doit toujours être le même et on retrouve à chaque fois 5 types de photos, quels que soient les objectifs et le public :
- – Portraits (hommes/ femmes..)
- – Paysages (noir et blanc, couleur).
- – Groupes (famille, amis..)
- – Effets spéciaux (mouvement, éclairage..)
- – Symboliques (est perçu ce que chacun a l’envie de percevoir).
- Les photos : Le nombre de photos doit toujours être le même et on retrouve à chaque fois 5 types de photos, quels que soient les objectifs et le public :
- La consigne : elle est en fonction des objectifs, du public. Dans le cadre de notre intervention: « Nous travaillerons en 2 temps, un 1er temps qui est un temps de choix des photos et dans un second temps, nous échangerons en groupe à partir de ces photos. J’énoncerais la question pour lancer la séance, aujourd’hui j’ai choisi 50 photos pour travailler autour de la question – être « addict » à un produit, choisissez deux photos évocatrices- ». L’animateur, ou les animateurs choisissent également des photos.
Par la suite, on laisse un temps suffisant pour que chaque participant puisse choisir ses photos, et retourner s’asseoir dans l’autre espace. Lorsque chacun s’est rassis, on peut entamer la discussion : « Je propose que l’on prenne un peu de temps pour essayer de voir ce qui s’est passé pour nous dans cette séance? ». Chacun présente sa photo, quand il le souhaite, le groupe est invité à l’écouter, puis ensuite il peut intervenir et dire ce qui l’interpelle (le but n’est pas de convaincre mais que chacun puisse dire ce qu’il pense et ressent). Il est plutôt conseillé de ne pas faire de « tour de table » avec un ordre déterminé au risque de casser la dynamique associative. L’échange qui s’en suit entre les participants est dirigé par l’animateur qui est là pour relancer, garantir le cadre, reformuler. La pensée de chacun est « mise en image », un travail de différenciation (parfois de clivage) va pouvoir se faire et donc mettre au travail l’identitaire du groupe, mais aussi de chaque participants. Le dispositif va ainsi permettre de travailler avec beaucoup d’efficacité sur les situations traumatiques (la violence de certaines agressions par exemple dans une compagnie de transport collectif). Le groupe est un « catalyseur », il produit de la crise mais protège également chacun de celle-ci par ses capacités de contenance et d’étayage mutuel. La photo est une image en lieu et place d’une représentation psychique, elle permet de donner figure à la sensation, l’émotionnel, et donc parfois à ce qui est justement incommunicable.
Qu’est-ce qu’une séance de photolangage® a pu apporter dans le cadre précis de notre intervention ?
- Au niveau du choix des photos, nous avons pu assister dans le groupe à l’expression d’une dynamique associative très riche, très contrastée également du fait des projections parfois très défensives de certains participants. De cette dynamique associative nous avons pu tirer partie en proposant de noter sur un « paper-board » chaque représentation, phrase ou mot fort, afin de structurer la pensée du groupe en thèmes plus généraux.
- L’émotionnel a pu être mobilisé et travaillé par la suite de façon à provoquer pour chacun des questionnements clairs abordés lors de la formation théorique ultérieure.
- Le projet à élaborer étant un projet à « porter » par tout le groupe il était nécessaire de renforcer la cohésion du groupe et sa motivation, tout en permettant à chacun d’exprimer ses différences et d’argumenter des positions aussi bien individuelles qu’institutionnelles.
- La séance de photolangage® effectuée en tout de début de formation a permis également de formaliser plus efficacement les attentes et les motivations des professionnels à l’endroit même de celle-ci. Elle a été « facilitante » dans la mise en place d’un lien et d’une dynamique de groupe, mais aussi dans l’entrée dans un processus de formation.