Les violences relationnelles – Comment ne pas se défouler au travail !
Depuis mars 2020, depuis le début de la phase de transition nous avons tous subi une restriction des libertés fondamentales (de déplacement, de pratiquer un sport, de partir en vacances, etc.). Dès lors le travail peut devenir un défouloir dans lequel le/ la collègue est perçu(e) comme quelqu’un qui restreint encore un peu plus mes libertés (de décision) ou qui cherche à me contrôler…
La gestion des conflits au travail
Au fil de mes formations sur la cohésion d’équipe, la bientraitance…comme au cours des séances d’Analyse des Pratiques Professionnelles, de supervision et de régulation d’équipes en région Sud-PACA de Nice à Marseille en passant par Toulon, Draguignan et Aix en Provence le thème revient régulièrement.
Ces situations de conflit qui reviennent notamment pendant les séances d’analyse des pratiques managériales (ou pas) posent la question des violences relationnelles au travail.
Les cadres et/ou les équipes vivent avec des conflits larvés ou déclarés entre services, à l’intérieur d’un même service, avec la direction, les financeurs…. Ces derniers dégradent la qualité relationnelle et entravent l’efficacité et la qualité des soins ou du service rendu aux patients, aux clients et aux bénéficiaires. Enfin ils altèrent la qualité de la relation soignant-soigné. De plus, notons que la gestion de ces conflits est chronophage et mobilise énormément d’énergie.
Dans bien des cas l’accompagnement en séances de ces situations met à jour le « terrorisme relationnel » de certains des protagonistes.
Cette expression puissante de « terrorisme relationnel » a été forgée par Jacques Salomé, psychosociologue et écrivain :
« Les violences invisibles, celles que M.F Hirrogoyen (psychiatre) a nommé le harcèlement moral et que je préfère appeler : terrorisme relationnel.
J’appelle terrorisme relationnel l’ensemble des violences visibles ou invisibles que nous imposons à l’autre (ou que nous recevons d’autrui), à l’intérieur d’une relation proche ou moins proche, à partir de désirs qu’on lui impose, d’injonctions, de dévalorisations, de chantage, de menaces, de culpabilisations et aussi du maintien de relations dominants/dominés au quotidien d’une relation.
Le terrorisme relationnel est quasi universel, visible ou plus caché il circule dans beaucoup de relations mais le plus douloureux sévit dans certaines relations familiales, amoureuse et professionnelles. » Jacques Salomé, éditorial de février 2003, à propos du terrorisme relationnel
Du terrorisme relationnel au feedback bienveillant
L’une des solutions est d’adopter une position d’assertivité. L’assertivité fait pleinement partie de la « boite à outils » pour optimiser la Qualité Relationnelle au Travail. La position d’assertivité c’est s’affirmer ni passif, ni agressif, ni dominateur, ni manipulateur mais simplement assertif. Affirmation simple, sereine, directe de soi et avec considération pour l’autre.
Dès lors, je n’utilise ni l’argument d’autorité – « j’ai raison parce que je suis le plus diplômé, le meilleur, le plus ancien, etc. » -, ni la séduction (forme de manipulation), ni la violence verbale, ni le chantage.
Si je dois recadrer mon/ma collègue ou mes collaborateurs je dois apprendre à le faire en conscience, c’est à dire de manière bienveillante et efficace. Par exemple, chaque remarque négative devrait impérativement être encadrée par deux remarques positives : “la tranche de jambon et les deux tranches de pain”. Parfois cela demande de la créativité : l’autre m’invite toujours à améliorer mes propres capacités relationnelles… Rapidement cela devient une discipline et irrigue le domaine privé (couple, enfants, voisins, etc .).
Pour une écologie relationnelle
Donc, la responsabilité relationnelle de chacun(e), quel que soit le poste occupé, est immense car, comme dans le domaine de l’écologie, l’interdépendance entre les différents acteurs est totale.
Aussi, nous avons besoin de prendre conscience de la qualité des relations que nous entretenons au travail pour notre propre bien-être mais aussi pour le bien-être de nos collaborateurs. Il en va de même pour nos relations envers les bénéficiaires ou le public.
C’est une posture professionnelle en connexion avec les valeurs de la structure, les siennes et celles de son éthique personnelle.
Ainsi la posture d’assertivité donne une stabilité et une assise qui confèrent une autorité à celui qui l’adopte par exemple. Ainsi les décisions seront beaucoup moins remises en question car celui/celle qui a autorité aura fait preuve de congruence (le verbal et le non verbal sont en harmonie et cela se sent tout de suite).
« Être dans l’assertivité, c’est associer deux qualités qui semblaient autrefois contradictoires: affirmation de soi et respect d’autrui. » – Article Assertivité, site de Thierry Tournebise (2005)).
En même temps, je me respecte et je respecte l’autre, ou les autres suivant la situation de communication. Notre éducation et notre formation ne nous ont pas toujours préparé à cette dynamique vertueuse et efficace. C’est pourquoi il n’est pas si aisé de l’acquérir. En effet cela demande une prise de conscience – « peut-on travailler autrement ? » – puis une intention et enfin du temps et de l’énergie.
Le «faire équipe », ne se décrète pas, ça se travaille, ça s’éprouve…
Poser un socle relationnel minimal
Gestion des émotions, respect de soi, respect de l’autre, entretien de la relation, écoute active, prise de décision sereine : est-ce un idéal lointain pour des relations humaines au travail efficientes ? une utopie ? ou bien un socle minimal relationnel qui ne devrait plus être discutable ?
La responsabilité sociale et sociétale des organisations et de toutes les structures sociales et médico-sociales semble pourtant bien être à ce prix…
Marc SABBEN, Cabinet METARELATION – Prévention de la santé au travail
Formateur à la Qualité Relationnelle au Travail – Intervenant APP- Supervision- Régulation d’équipes
- Marc SABBEN
- marcsabben@gmail.com